Cet Eloge de la plante merveilleusement illustré par l'auteur est un plaidoyer pour une remise en question de la biologie, aujourd'hui quasi exclusivement centrée sur l'animal. La plante sans qui l'animal n'existerait pas - alors que l'inverse est faux - représente en réalité un succès biologique bien supérieur à l'animal. Sans aller jusqu'à souscrire à l'analyse de Cioran (« le grand tort de la nature est de n'avoir pas su se borner à un seul règne. À côté du végétal, tout paraît inopportun, mal venu. Le soleil aurait dû bouder à l'avènement du premier insecte, et déménager à l'irruption du premier chimpanzé »), force est de constater les indéniables qualités des végétaux, dont est ici dressé une liste impressionnante. Sorte d'antithèse biologique de l'animal (une plante n'est pas un individu mais un « être collectif », elle concentre l'énergie au lieu de la disperser, elle a une durée de vie incomparablement plus longue, etc.), la plante est en outre belle, silencieuse et non-violente.
Après avoir refermé ce livre, on regarde les plantes d'un autre oil.
Francis Hallé,
botaniste, il a été professeur à l'Institut de botanique de
l'université de Montpellier. Spécialiste des Tropiques, il a
dirigé les missions du célèbre «radeau des cime
En un temps où les grands programmes de la génomique drainent la majeure partie des moyens humains et financiers de la biologie, un botaniste tente de rétablir un salutaire équilibre. À l'exact opposé d'une vision anthropocentrée recherchant une explication déterministe, voire mécaniste, du vivant, Francis Hallé entreprend ici d'élargir l'horizon des sciences de la vie au monde végétal en mettant l'accent sur l'observation in situ et l'étude qualitative des plantes.
Une remarquable leçon de biologie incitant à rendre d'urgence à la plante la place, primordiale, qui est la sienne.